mardi 11 décembre 2012

mercredi 9 mai 2012

jeudi 19 janvier 2012

Pourquoi es-tu partie ?

Quand tu remontes le courant
Les jours, les mois, qui vont courant

Quand tu regardes un peu derrière

Quand tu prends le temps, un instant

Juste de prendre un peu le temps

Dans le jeu dansant des poussières

Tu retrouves un peu la lumière

Cet homme que tu aimais tant

Ses yeux et ses belles manières


Alors tu te demandes encore

Dans la rudesse de ton corps
Pourquoi es-tu partie ?

Il t’a portée sur ton chemin

L’avenir porté à demain

Contre l’ivresse des distances

Chaque jour contre son cœur humain

Et ta peau brillant sous sa main

Effeuillant tes lambeaux d’enfance

En effaçant les différences

Vous étiez beaux et souverains

Demain n’avait pas d’importance


Alors tu te demandes encore

Dans le froid de ton noir décor

Pourquoi es-tu partie ?


Mais sa douceur et sa bonté

N’ont pas vraiment su te dompter

Tu voulais vivre à tire d’aile

Tu te saoulais de liberté

Tu la croyais hors de portée

Prise dans son amour fidèle

Ton indépendance idéelle

L’inquiétante réalité

T’ont tracé la route rebelle


Pourtant tu te demandes encore

Dans ton miroir en désaccord

Pourquoi es-tu partie ?


Plutôt qu’un bonheur étourdi

Pris entre menace et sursis

Tu as choisi un malheur terne

C’était en mai, tu t’es enfuie

Sans heurts, sans surprise, sans bruit

Et tu as mis ta vie en berne

Ce n’est pas que tu te prosternes

Mais tu ploies en pensant à lui

Et son manque creuse tes cernes


Aussi tu te demandes encore

Que te vaut ton triste record ?

Pourquoi es-tu partie ?


Voilà cet autre qui te bat

Avec qui vos mornes ébats

Se griffent d'ennui et d'insultes

Dans ton esprit qui se débat

Tu rejettes au fond du combat

L'envie qui te porte au tumulte

Il y a l'autre, et tu consultes

La carte pour revenir là-bas

Te conjuguer la force occulte


Ainsi tu te demandes encore

Amère et sûre d'avoir eu tort

Pourquoi es-tu partie ?

A Trévarez

Sale petite conne

Sale petite conne
Tu m’as piégé

Avec tes mots

Avec tes mains


Sale petite conne

Tu m’as mené

Sur un bateau

Où j’étais bien


Tu m’as trop joué

J’ai trop souffert

Sale petite conne

Tu m’as lâché


Tu m’as laissé

A découvert

Sale petite conne

Petite saleté


Sale petite conne

Tu as voulu

M’abandonner

Me laisser choir


Sale petite conne

Et tu as cru

Me faire crever

Seul dans le noir


Mais je survis

Je vis ailleurs

Sale petite conne

Ailleurs tu dors


Tout est fini

Malgré ma peur

Sale petite conne

Je t’aime encore.

Ce bel enfant

Dans la forêt de Rambouillet
Il courait après les reflets
S’amusait de l’eau d’une mare

Il galopait dans les sous-bois

Sautait dans l’ombre à chaque fois

Ou riait sur un nénuphar

Il jouait du soleil et du vent

S’allongeait auprès d’un étang

Le temps que la fraîcheur s’empare

De son corps et de sa raison

Alors il se levait d’un bond

S’enfuyait d’un vol de brouillard


Lorsque l’enfant paraît

Quand on l’attend

Ce bel enfant...


Dans la forêt de Rambouillet

L’enfant soudain s’ensommeillait

Au beau milieu d’une clairière

Puis les cheveux ébouriffés

Les jambes et les mollets griffés

Ses moqueries en bandoulière

Etranger aux regards mesquins

Avec son habit d’Arlequin

Tissé de noir et de lumière

Il nous laissait souffle coupé

Heureux de nous voir occupés

A lui inventer des hiers


Lorsque l’enfant paraît

Quand on l’attend

Ce bel enfant...


Dans la forêt de Rambouillet

Sur un tapis d’herbes douillet

Il est resté, nimbé de brume

Il nous suivait, il est parti

Sans qu’on le sache, sans aucun bruit

Sans une trace sur le bitume

Mais butée contre les carreaux

Voilà la promesse des tarots

Prise dans un tourbillon de plumes

Les cartes nous avaient menti
Elles ont trahi l’enfant aussi
Et dans mon c
œur il se consume

Lorsque l’enfant paraît

Quand on l’attend
Ce bel enfant
Cette nouvelle vie qui ne viendra jamais.

Lui faire l'amour

Ma langue entre ses lèvres
Vers le point névralgique

Quand la tension des cuisses

Prédit l'instant critique

Quand ses reins se soulèvent

Jusqu'à ce qu'elle jouisse


Sa bouche tout entière

Sa langue qui m'excite

Ses mains qui me harcèlent

Qui caressent plus vite

Et ses dents qui m'enserrent

Pour que j'explose en elle


Debout et ventre à ventre

Partageant nos chaleurs

Et l'un à l'autre addict

Par nos deux peaux en sueur

Son sexe où mon sexe entre

Le plaisir pour verdict


Deux amoureux ensemble

Sans draps ni couvertures

Nus pour être fragiles

Le corps en ouverture

Où celui qui plus tremble

Devient le plus agile


Le plus simple rapport

Elle en moi, moi sur elle

A charge de plaisir

A charge d'étincelle

Dans la petite mort

Dans un même désir


Se lancer vers l'extase

Avides, frénétiques

Haletants et hagards

Après le lien mutique

L'envie qui nous écrase

Dès le premier regard.

Saint Michel

Fin de la nuit

Voir que l'horrible nuit finit
Et le soleil qui se disperse

Sous la persienne le jour perce

Le jour relui
t
Le jour à verse

Voici finie l'horrible nuit


Elle était de peur et de bruit

Ecrasée entre deux terreurs

Et se nourrissait des erreurs

Comme d'un fruit

Grasse de beurre

Elle s'enflait comme une truie


Sur son abdomen allongé

Contre elle sa progéniture

Tétait goulument la mixture

De son sein née

La nourriture

Gavait des rejetons morts-nés


Et la nuit ne finissait pas

Etalée comme une éternelle

Le corps emprisonné en elle

Jusqu'au trépas

Sans étincelle

Sans issue où glisser ses pas


La nuit durait des jours durant

Interminable cauchemar

Et des éveils le c
œur frappant
Le c
œur hagard
Près du départ

Près de rompre son battement


Puis se finit la nuit sans fin

Et l'aube apaise les angoisses

La lumière efface les traces

Le dernier point

Noir sur la glace

Espérant un matin serein


Voir que l'horrible nuit finit

S'étirer en convalescence

Sous le sourire et la présence

La belle amie

La renaissance

Qui soigne les peurs et les cris


Le jour pourtant ne dure rien

Dans l'esprit survit la nocturne

La lente et patiente Saturne

Noir souverain

Lente nocturne

Le jour meurt et la nuit revient.

Les poètes maudits

L'image est belle et nostalgise
On y voit une noir' soupente

Une ombre y est penchée, assise

Dans cette chambre renfermée

Où la lumière est confinée

A un' maigre bougie fumante


L'image est belle et obsolète

Gravure pour les bouquinistes

Il faut élargir la palette

Dépoussiérer les vieux poncifs

Corriger les truismes poussifs

Pour un regard plus réaliste


Ne les cherchez pas sous les toits

Où la lumièr' cherche sa voie

Sous les paupières alourdies

Ils vont au milieu de la vie


Ne les cherchez pas sous les toits

Dans un triste capharnaüm

Où la lumièr' cherche sa voie

Sous les paupières alourdies

Ils gliss'nt au milieu de la vie

Ils avanc'nt au milieu des hommes


Leurs mots ne cherchent pas la rime

Ils crient contre les murs stupides

Ils ne pêchent pas à la ligne

Pour une facile émotion

Pour défricher une scansion

Ils n'ont pas d'images limpides


Ne les cherchez pas sous les toits

Où la lumièr' cherche sa voie

Sous les paupières alourdies

Ils vont au milieu de la vie


Les croirez-vous dans l'autre monde

Evaporés par l'omniscience

Réduits par les pixels, les ondes

La transparence du présent ?

Dans l'ombre pas un seul talent

Qui ne vienne à la connaissance ?


Rassurance sur le revers

Des vieux tailleurs, des vieux costumes

Œ
illèr's devant le gouffre ouvert
L'indifférence qui prédit

La mort du poète maudit

Et son anonymat posthume


Ne les cherchez pas sous les toits

Où la lumièr' cherche sa voie

Sous l'indifférence engourdie

Ils ont déjà quitté la vie.

Roscanvel

Ell' marchait sur le port
Sa peau brune aspirant le soleil

Ingénue provocante et pareille

Au sourir' des affiches glacées

Qui repouss'nt le laid maigre et tassé

Ell' marchait sur le port

Roscanvel, Roscanvel


Sur le bord de la cale

Ses pieds nus aguichaient le bitume

Puis s'offraient caressants à l'écume

Son corps d'ado se jouait de l'ennui

Vulgaire et désirable, épanoui

Sur le bord de la cale

Roscanvel, Roscanvel


Dans les plis de l'eau fraîche

Le petit port pensait à la mer

les voil's blanch's silencieus's et légères

Ses rondeurs éclataient de santé

Les seins pleins, le short en majesté

Dans les plis de l'eau fraîche

Roscanvel, Roscanvel


Au port de Roscanvel

Ell' savait sa beauté insolente

Les proues des dériveurs en attente

Les marins ne la regardaient pas

Trop jeune en ses émouvants appas

Au port de Roscanvel

Roscanvel, Roscanvel


Au port de Douarnenez

Ses yeux noirs allumaient l'étincelle

Et l'esprit se froissait devant celle

Qui chavirait le c
œur abîmé
Comme une autr' s'en était amusée

Au port de Douarnenez

Roscanvel, Roscanvel.

Mes sens défaits

A chaque pas de plus marqué sur un chemin
Tendu entre le près et le loin d'une courbe

Et l'empreinte laissée au sercet de la tourbe

Par la mesure étrange et l'empan de la main

S'énonce la rengaine au cruel lendemain

Tu m'as marqué

Tu m'as manqué

Tu as raté notre rencontre

Tu m'as manqué

Oh ! Comme tu me manques !

Comme je manque de toi !


A chaque éclair lancé par des yeux inconnus

Où des vies étonnées encor se dissimulent

Pour ne pas se livrer aux rêves ridicules

Par le regard croisé et l'évidence crue

Qui s'affiche aux néons dans des lumières nues

Tu m'as marqué...

… Comme je manque de toi !


A chaque nouveauté surprise en un jardin

La danse exaspérée des subtiles haleines

L'abeille en la corolle enivrée de pollen

Par les fleurs, par les femmes changeant leurs parfums

Et l'oreiller absent aux odeurs de chagrin

Tu m'as marqué...

… Comme je manque de toi !


A chaque mot chanté la gorge retenue

Et la voix resserrée sur la gamme mineure

La garde de la larme arrêtée sur le c
œur
Par l'âpre mélodie d'un violon dans la rue

Qui s'alarme du vice et gifle la vertu

Tu m'as marqué...

… Comme je manque de toi !


A chaque brasse d'air aux épices masqués

A la fadeur nacrée pour mieux de repentance

Et l'amère saveur des pâles recouvrances

Par la langue apeurée et les lèvres marquées

Du goût d'une autre bouche à la mienne accolée

Tu m'as marqué...

… Comme je manque de toi !

Chanson brésilienne

Dans une chanson brésilienne
Un homm' chant' doucement sa peine
Comm' quelqu'un qui chante pour soi

On devine que cell' qu'il aime

Est loin, qu'il se parle à lui-même

Pour combattre son désarroi

Et son refrain murmur' sans joie :

Je préfère ne pas danser

Si je ne dans' pas avec toi


Et cette chanson brésilienne

Ne sait pas atténuer ma peine

Malgré ses caresses de soie


La voix s'effac', ses mots deviennent

Les mots d'une mémoire ancienne

D'un souvenir profond en moi

Et lentement se perd ma voix

Car je préfèr' ne pas chanter

Si ne je chant' pas avec toi


Dans une chanson brésilienne

Qui pourrait devenir la mienne

C'est ton image que je vois


Ton ombre discrète et sereine

S'enfuit et l'amour à sa traîne

S'enfuit en se riant de moi

J'ai aimé pour la dernièr' fois

Car je préfèr' ne pas aimer

Si cell' que j'aim' ce n'est pas toi


C'est une chanson qui malmène

Qui bouscule, qui morigène

Un' chanson qui dicte sa loi


Par cette chanson brésilienne

Je comprends que ma vie est vaine

Et que les jours ont trop de poids

Et je ne cherche plus pourquoi

Car je préfère ne pas vivre

Si je ne vis pas avec toi


Comme une chanson brésilienne

S'éteint ce soir sur les antennes

Et plonge mon c
œur dans le froid

Suppliqu' stupid', cette rengaine

Ne vient pas au bout de ma peine
Et tu n' me laisses pas le choix

De ton fantôm' je suis la proie

Et je préfèr' ne pas mourir

Si tu ne meurs pas avec moi.

Terre matrie

Il y'avait là terres flambant,
Des armées hirsutes d'ajoncs.

Il y'avait là tertres sanglants,

Bruyères tapies, noisetiers,

Granit affleurant, soleil blond,

Ou pluie sur le pays entier.

Il y'avait là fermes sérieuses,

L'étable et la terre battue,

Murs épais et bêtes rugueuses

Et l'aire où battre le blé chaud.

Il y'avait paysans bourrus,

Toujours le pain près du couteau.


Il y'avait là grandes vacances,

Sandales crues craquant d'éteules,

La silhouette émue qui danse ;

La mélancolie du départ,

Amour d'enfant qui finit seul,

L'ombre fuyant sous les hangars.

Il y'avait là des avenirs,
L'euphorie de la vie brillante

Prise entre les proues des navires,

La mer, les champs, la terre encore,

Les espaces comme la sente,

La promesse aux digues des ports.


Il y'avait là … Qui s'en souvient ?

Tout est désormais charbon noir.

Quel orage ne laisse rien

Après son ultime rafale ?

Il n'est plus là qu'un dernier soir,

Sol ravagé, terre fatale.

A l'amie disparue

Toi qui me sais dans le silence,
Gardienne de la vigilance

Et des souvenirs corrompus ;

Toi qui m'as gardé ta confiance

Malgré les années de défiance

Et le malheur interrompu ;

Je sais que ces années n'ont pu

Dilapider ton élégance,

Ta subtile absence non plus.


Toi qui me sais dans la tristesse,

Qui pardonnes mes maladresses

Et comment je t'ai fait défaut.

Je t'avais confié mes détresses,

Tu les prenais avec tendresse,

Légère à cueillir mon ego.

Les débris des os et des peaux,

Tu en es loin dans mes ivresses

Quand la nostalgie fait dépôt.


Toi qui as condamné la porte,

Je te prie bien que tu sois morte

Vers l'ailleurs qui t'a endormie.

Qu'un souffle jusqu'à toi emporte

Mon v
œu ! Que tu sois la voix forte
Vers celle qui me tient soumis !

Fasses-tu revivre l'envie,

Songe de mon amie morte,

De l'amie qui renie ma vie !

Entre ton espoir

Entre la douceur de la peau et la violence du rapport
Entre la crudité des mots
et la nudité de son corps
Entre la clarté de ses yeux
et la clameur de sa colère
Entre son bas-ventre amoureux
et son innocence éphémère

Entre l'ébauche d'une envie
et sa cambrure qui se dessine
Entre l'émotion recueillie
et la montée de la cyprine
Entre son sourire menu
et l'avidité de ses lèvres
Entre sa poitrine tendue
et ses réflexions un peu mièvres

Entre l'étonnante âpreté
où elle éclate de froideur
Et cette étreinte forcenée
où elle me surprend d'ardeur
Entre l'orgasme médusé
et son essoufflement candide
Entre comportement osé
et retenue presque frigide

Entre la douceur de sa peau
la brutalité de sa chair
Entre les mots de Nougaro
et les suppliques de Ferrer
Entre les rimes de Ferré
et les fureurs de Noir Désir
Entre la joie de commencer
et la peur de devoir finir.

Les jours contraints

Le jour d'avant était temps vain
Le jour d'après n'apporte rien

Et le jour d'hui n'est que façade

Paravent des heures maussades

Où la porte fermée s'ennuit

A ne s'ouvrir que sur la nuit

Chaque jour est en vain

Chaque jour, une fin

Et chaque jour vécu est veille de sa mort


Le jour d'avant l'a vu mourir
Le jour d'après en sera pire
Le jour d'hui n'a que nuit pareille

Où ne viendra pas le sommeil

Qu'un coma brut et abruti

Où sombrer n'est pas garanti

Chaque jour est en creux

Chaque jour est odieux

Et chaque jour vécu est veille de sa mort


Le jour d'avant, porte béante

Le jour d'après pleurs sur l'absente

Le jour d'hui dans la petitesse

De sa dramatique faiblesse

Où il ne sait pas la fenêtre

Pour en finir avec son être

Chaque jour est en noir

Chaque jour, l'éteignoir

Et chaque jour vécu est veille de sa mort

Le jour d'avant il l'a perdue
Le jour d'après, perte de vue

Le jour d'hui sur son tabouret

Le visage aux mains engoncé

Où pleurs sur la ligne de c
œur
Celle de vie sous ses yeux meurt

Chaque jour est enfui

Chaque jour, elle fuit

Et chaque jour vécu est veille de sa mort


Le jour d'avant il faisait fête

Le jour d'après sa vie s'arrête

Quand le jour d'hui la voit partir

Et le plante dans son martyr

Et ni bruits ni cris ne l'atteignent

Dans l'éternité où il saigne

Chaque jour est la fin

Puisque l'espoir est vain

Et chaque jour vécu est veille de sa mort.

Une autre fois

Une autre fois, il s'arrêt'ra
Pour séparer les adversaires

Il jouera les intermédiaires

Pour mettre fin à la bagarre

Pour fair' cesser les coups

Qui partent d'un regard

Prétextés d'un mot de travers

Ces fous, il les séparera


Une autre fois, il donnera

A la fill' qui faisait la manche

Les yeux froids, main tendue et blanche

Pour espérer un peu de vivre

Le luxe un peu partout

Parmi les clochards ivres

Dans ces moments où la vie flanche

Cette fill', il la soutiendra


Une autre fois, il parlera

Pour dénoncer cette injustice

Quand les abus de la police

Poussaient à force de contrôles

Quelques jeun's gens à bout

Toujours le mauvais rôle

A fair' craquer les interstices

Ces ados, il les défendra


Une autre fois, il sera là

Devant les crocs noirs des pell'teuses

Qui traquent la misère affreuse

Et qui la désignent coupable

Et lui aussi debout

Avec quelques semblables

Contre la république honteuse

Ces sans-papier, il les aid'ra


Une autre fois, il se lèv'ra

Pour brûler les costum's de veuf

Ensemencer le monde neuf

Contre les princ's, contre les cours

Ne plus être à genoux

Contester les discours

Fair' face aux milic's et aux keufs

Cette révolte, il en sera


S'il y'a jamais une autre fois.

Quand tu riais de moi

J'entends le vent du silence
Qui bute de mur en mur

Et qui gagne en virulence

J'entends le poids du silence

Surgi d'un lointain murmure

Pour épuiser la balance

J'entends l'éclat d'un fruit mûr

Ecrasé sous ma chaussure

Les acouphèn's de l'absence

J'entends

De l'écho, cette insolence

Quand tu riai

En tout coin le vide vibre
De ces pulsations intenses

Qui menacent l'équilibre

Mais comment voir que l'air vibre

Dans le chaud, la transparence

La clarté d'un soleil libre

J'entends le passé qui pense

Au-delà de l'évidence

Dans la moindre de mes fibres

J'entends

Ta voix en déséquilibre

Quand tu riais

J'entends la voix des écorces
Des branches qui se fracassent

Des arbres brisés de force

J'entends le cri des écorces

Comme un feu aux langues grasses

Dévorant le maquis corse

L'effondrement des carcasses

L'écroulement des crevasses

Où je perds toutes mes forces

J'entends

Le bris de la moindre entorse

Quand tu riais

J'attends le point de rupture
Où je pourrai en silence

Oublier ta signature

J'attends l'ultime rupture

Qui taira l'impertinence

De mon espoir qui perdure

J'attends l'ultime sentence

Qui raiera ton existence

De tous mes rêv's de futur

J'attends

Et l'effac'ment des morsures

Quand tu riais.

Raymond

Malgré tous les planteurs d’espoir
Il n’y aura pas de grand soir

Seul’ment quelques petits matins

Partagés entre frèr’s humains


Parfois quand un combat s’arrête

On compt’ les visag’s et les têtes

Si un militant quitt’ la piste

Le combat à venir est triste


Un militant s’est couché

Il a laissé les défilés

Il sait peut-être ainsi

Le grand soir n’amèn’ que la nuit


On pense à lui quand la colère

Emport’ les damnés de la terre

Et que les forçats de la faim

Réinventent des lendemains


Certains cherchent dans l’au-delà

Un sens à la vie ici-bas

Le seul sens à la vie, c’est vivre

Sans un dieu ni un maître à suivre


Un militant est passé

L’ombre d’un homme engagé

Il sait peut-être ainsi

Le grand soir n’amèn’ que la nuit


Mais les tables ras’s du passé

Ne pourront jamais effacer

Le souv’nir d’un ami, d’un frère

Rendu un jour à la poussière


Et chacun poursuit le chemin

Pour un avenir incertain

Mais en défi à la camarde

Nous t’app’lons encore « Camarade ! »


Un homme au c
œur fatigué
L’esprit pourtant jamais lassé

Il sait peut-être ainsi

Le grand soir n’amèn’ que la nuit.